Monovalence : critères immobiliers ou économiques ?

L’un des principaux motifs avancés par les bailleurs pour obtenir le déplafonnement du loyer afférent à des locaux à usage d’hôtel est d’admettre le caractère monovalent des locaux.

Rappels des critères de monovalence

Les articles L.145 et suivants du Code de Commerce autorisent, lors d’un renouvellement de bail, la fixation du loyer à la valeur locative lorsque les locaux loués sont monovalents.

Les locaux doivent répondre à deux conditions non cumulatives exigées par la jurisprudence pour être qualifiés de monovalents, à savoir :

  • Les locaux doivent être conçus pour une seule utilisation,
  • Les locaux doivent nécessiter une transformation particulièrement onéreuse pour pouvoir être destinés à un autre usage,

L’appréciation de la monovalence doit être strictement cantonnée à l’assiette contractuelle. En d’autres termes, un local à usage d’hôtel loué à un preneur X peut constituer un local monovalent alors que l’immeuble dispose d’une boutique louée à un preneur Y.

Exemple d’un immeuble mêlant commerce et hôtellerie : Monovalence ou polyvalence

La question mérite réflexion lorsque l’ensemble de l’immeuble est pris à bail auprès d’un seul et même locataire, occupant pour partie un hôtel et pour autre partie un commerce ou un restaurant en pied d’immeuble.

S’agissant d’un hôtel avec un local commercial en pied d’immeuble à usage de restaurant faisant l’objet d’un seul bail, certains critères permettent de qualifier la monovalence ou la polyvalence des locaux.

Les critères principaux en faveur de la monovalence sont généralement (critères non cumulatifs) :

  • L’hôtel et le restaurant partagent la même entrée,
  • Il n’existe pas de distinction entre les espaces communs (notamment sanitaires, les cuisines et/ou salle de préparation du petit-déjeuner),
  • Clientèle identique entre le restaurant et l’hôtel,

… soit une véritable synergie à la fois immobilière et économique.

Les critères principaux en faveur d’une polyvalence (critères non cumulatifs) :

  • Accès différenciés pour l’hôtel et le restaurant (Cass, 3ème chambre civile, 30 juin 2004),
  • Aucune interdépendance des surfaces au sein des locaux (cuisine spécifique au restaurant, salle de préparation des petits-déjeuners spécifique à l’hôtels, réception distincte selon les deux activités, sanitaires distincts…),
  • Exercice des activités sous diverses sociétés (comptabilité séparée, location gérance…),
  • Clientèle du restaurant distincte de l’établissement hôtelier,

…soit une absence de synergie entre les deux activités, chacune fonctionnant indépendamment de l’autre (Cass, 3ème chambre civile, 9 mars 2018).

En conclusion, la détermination de la monovalence a plutôt tendance à réduire l’analyse à une appréciation purement immobilière, laquelle ne s’avère pas toujours aisée ni évidente.

Il convient alors de considérer si la présence ou non d’une dualité de clientèle constitue un élément complémentaire (déterminant) dans la recherche de la monovalence.

 

Définition de la monovalence

 

Lire aussi : Méthode hôtelière actualisée : 1ère application à Paris

 

 

Performances hôtelières parisiennes – 2017 à 2022

La reprise est belle et bien amorcée pour l’hôtellerie parisienne qui affiche des résultats comparables voire supérieurs à 2019 pourtant considérée comme une année de référence : TO, PMC, REVPAR, les indicateurs sont au vert.

Et selon L’Institut Paris Région les réservations hôtelières sur le premier trimestre s’annoncent favorables !
– Janvier 2023 vs 2022 : + 87 %
– Février 2023 vs 2022 : + 71 %
– Mars 2023 vs 2022 : + 111 %

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JURIS’Post-It spécial hôtellerie et valeur locative pérenne

Valeur locative de renouvellement : une valeur pérenne et non modulée

Rejet d’une valeur locative variable (modulée sur la durée d’un bail) pour un renouvellement de bail hôtelier au 1er juillet 2020 (durant la crise sanitaire). La valeur locative doit être appréciée à la date du renouvellement du bail pour l’ensemble de sa durée.

Situation

En l’espèce, les bailleurs de locaux commerciaux à usage d’hôtel en ont signifié le congé avec offre de renouvellement à effet au 30 juin 2020 … Soit un renouvellement au 1er juillet 2020, en pleine crise sanitaire.​

L’expert chargé d’estimer la valeur locative de renouvellement à cette date a procédé en deux temps : il a estimé une valeur locative ‘’ hors Covid ‘’ puis l’a modulée en tenant compte de l’impact des perspectives de reprise économique sur 9 ans quant à ladite valeur locative (montée progressive de la valeur jusqu’au retour à un cycle économique normal).​

Décision

Le Tribunal Judiciaire infirme la méthode d’expertise retenue en considérant que la valeur locative est appréciée pour l’ensemble de la durée du bail et non à l’instant T de la crise sanitaire. (…) Cette valeur locative est pérenne et non variable.

Au surplus, le tribunal souligne le manque de fiabilité de projections sur 9 ans dont les indicateurs économiques actuels ne permettent toujours pas la confirmation. Le tribunal souligne également le maintien de la solvabilité des exploitations au 1er juillet 2020 en raison des aides spécifiques alors accordées.

TJ de Lyon, 8 février 2022, RG n°20/00038

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L’évolution du classement hôtelier

Malgré le tumulte de l’activité hôtelière ces deux dernières années, les autorités administratives ont tenu à mettre à jour le classement hôtelier.

Le nouvel arrêté du 29 décembre 2021 fixant les normes et la procédure de classement en hôtels de tourisme a été publié au journal officiel le 14 janvier 2022. L’ensemble sera applicable dès le 1er avril 2022.

Parmi les évolutions les plus notables, le développement durable semble imposer sa thématique avec comme objectif principal de s’adapter davantage aux attentes des touristes.

Le verdissement des établissements s’articule autour des éléments suivants :

  • Économie et gestion de l’énergie (équipement des chambres et parties communes en ampoules 100% basse consommation, borne de recharge pour les véhicules électriques…),
  • Économie et gestion de l’eau (mise en œuvre d’au moins une mesure de réduction de consommation…),
  • Sanitaires économes en eau (système de réduction d’eau pour les toilettes ou urinoirs…),
  • Réduire l’impact environnemental de la gestion du linge (proposition de réduction de la fréquence du changement de linge de lit et de toilettes aux clients…),
  • Recyclage des eaux de pluie et des eaux grises (utilisation des sources d’eau de substitution pour satisfaire les besoins en eau non sanitaire et non potable),
  • Gestion des déchets (système de tri des déchets à disposition de la clientèle…),
  • Labellisation environnementale (utilisation régulière d’au moins trois produits issus de la production ou agriculture française ou régionale ou en circuit-court, utilisation régulière d’au moins trois produits issus du commerce équitable ou de l’agriculture biologique…)

Si une partie des points cités supra sera obligatoire pour toutes les catégories, l’autre partie demeurera « à la carte », soit facultative.

L’incidence de ces nouvelles normes dans l’appréciation de la valeur locative pourrait éventuellement influencer à la hausse l’abattement pour les travaux de mise en conformité, à cela près que lesdites normes devraient solliciter davantage la main d’œuvre de l’établissement afin de procéder aux adaptations que d’engager de réels investissements.

Si l’on s’en tient à l’exemple de la gestion des déchets, il est à supposer que la gestion de 3 voire 4 poubelles différentes demandera plus de temps de main d’œuvre que la gestion d’une seule.

In fine, il demeurera important dans les mois à venir que les hôteliers soient en capacité d’estimer les coûts subséquents aux nouvelles mesures, notamment liés à la gestion de leur établissement, afin d’apprécier l’incidence à long terme sur la rentabilité.

 

Un automne encourageant pour l’hôtellerie parisienne

Alors que le début de l’année 2021 apparaissait bien sombre au sortir d’un 3ème confinement en mai 2021, l’évolution des performances hôtelières depuis la rentrée de septembre demeure un élément d’espoir important, tant pour les hôtels que pour les commerçants parisiens.

En premier lieu, il apparait que les prix moyens à la chambre peinent à décoller, c’est donc l’importante évolution du taux d’occupation qui constitue un véritable élément de soutien du RevPar.

Il est intéressant d’observer trois secteurs géographiques de Paris accueillant des clientèles différentes, soit :

  • Secteur de Saint-Lazare accueillant une part importante de clientèle d’affaires,
  • Secteur de l’école militaire (côté 7ème) accueillant une clientèle très majoritairement touristique et particulièrement américaine,
  • Secteur du Marais accueillant plutôt une clientèle mixte avec dominance de touristes de diverses provenances,

Sur les deux dernières semaines d’octobre, il est observé une baisse du RevPar moyen d’environ 5% par rapport à cette même semaine de 2019.

Si une forte majorité des sachants anticipaient des durées plus importantes pour l’hôtellerie haut de gamme pour revenir sur ses standards d’avant crise, il apparait que les établissements 4 étoiles demeurent au moins aussi performants en termes de remplissage que les établissements 3 étoiles avec par conséquent des RevPar nettement plus importants (liés à des PMC plus élevés).

In fine, même si les niveaux de 2018-2019 peinent à être retrouvés, cette évolution constitue un motif d’espoir pour l’hôtellerie parisienne. Si la situation sanitaire s’est dégradée sur les deux dernières semaines, Paris a de nouveau fait preuve de son attractivité.

La transformation d’hôtels parisiens en logements

Dans le numéro de mars de la Lettre , retrouvez un focus sur la transformation d’hôtels parisiens en logement !

« Le thème apparaît à rebours de la tendance observée à Paris, où le nombre de chambres n’a cessé de croître depuis 2010. Une croissance animée par la Ville de Paris qui avait quantifié le déficit 7000 clefs et rappelé la nécessité de moderniser le parc hôtelier existant. »

Les SIG et l’accès à l’information

En 2022, l’Office du Tourisme du Grand Roissy a présenté un nouvel outil cartographique de données (SIG)* développé conjointement avec l’agence de développement du territoire Roissy Dev.

Cet outil en ligne permet notamment de visualiser l’offre hôtelière et de consulter ses indicateurs de performances (en partenariat avec MKG Consulting) sur le territoire de la communauté d’agglomération du Grand Roissy incluant les départements de Seine-Saint-Denis (93) et du Val-d’Oise (95).

En cliquant sur un hôtel sur la carte, s’affichent l’adresse, la catégorie, le nombre de chambres, la date d’ouverture effective ou à venir, l’offre en restauration, services et en événementiel.

Les indicateurs de performances hôtelières de MKG sur le territoire sont accessibles depuis la cartographie vers le site de l’OT Roissy, ils sont basés sur un échantillon de 39 hôtels de Roissy-en-France soit plus de 9 000 chambres).

Si l’objectif premier pour l’Office de Tourisme du Grand Roissy est de promouvoir les acteurs locaux du tourisme (présentation de l’offre hôtelière et des principaux points d’intérêt touristique), l’accès aux données hôtelières présente également un intérêt particulier pour le secteur hôtelier mais aussi pour les divers intervenants sur ce territoire.

En complément du site Atout France (qui permet d’effectuer une recherche par région, département ou commune), cette nouvelle base offre la possibilité de visualiser les établissements concurrents par catégories, l’évolution de l’offre et du nombre de chambres sur une ou plusieurs communes ou encore consulter les indicateurs de performances.

De plus en plus plateformes comme celles de l’Apur (Agence Parisienne d’Urbanisme), de la Ville de Paris ou encore de Géoportail (Institut National Géographique) proposent des données cartographiées, compilées et interactives.

Ces initiatives contribuent à rendre les informations disponibles au plus grand nombre mais aussi de faciliter l’accès à ces données nécessaires et utiles aux experts immobiliers.

*Un SIG est un système d’information géographique traitant de données localisées sur un territoire donné.

 

Vous pouvez consulter la carte interactive ici

 

 

Hôtels à Paris : près d’une décennie de montées en gamme

Les montées en gamme des hôtels Parisiens depuis 2014 ont cru au même titre que les exigences des touristes et consommateurs. En 8 ans, c’est +98% d’hôtels 5 étoiles et +76% d’hôtels 4 étoiles. Rétrospective !

 

Partie III : Art. L311-1 et suiv. du Code de Tourisme => l’abattement sur la valeur locative

Afin de compléter les deux premiers articles (part. I et part. II) concernant le dispositif des articles L311-1 et suiv. du Code de tourisme , cette rentrée clôturera la trilogie avec les évolutions concernant le principe de l’abattement sur la valeur locative.

Pour rappel, une des méthodes expertales courantes permettant le report d’accession consiste à pratiquer un abattement sur la valeur locative, à hauteur d’1/12ème du montant des travaux dits d’amélioration (visés par l’article L311-1 du CT).

Dans un contexte où la nécessité d’améliorer l’outil immobilier n’a jamais semblé aussi prégnante, l’abattement pratiqué mène parfois à une valeur locative estimée inférieure à la valeur locative avant travaux. Dans un souci d’équilibre avec les intérêts du bailleur, celle-ci pourrait constituer un plancher dans l’approche de la valeur locative du bail renouvelé.

Nous considérons cette méthode comme une appréciation du texte, alors que le texte indique plus largement que « Pendant la durée du bail en cours et celle du bail renouvelé qui lui fait suite et pour une durée de douze années à compter de l’expiration du délai d’exécution mentionné à l’article L. 311-2, le propriétaire ne peut prétendre à aucune majoration de loyer du fait de l’incorporation à l’immeuble des améliorations résultant de l’exécution des travaux mentionnés à l’article L. 311-1. », article L311-3 du Code de tourisme.

 Si l’on s’en tient spécifiquement au texte susvisé, il convient de déterminer si les travaux réalisés par le preneur ont une incidence sur la valeur locative. En d’autres termes, lesdits travaux entrainent-ils une amélioration des performances de l’hôtel et, plus spécifiquement, une amélioration de la recette théorique ?

Certains travaux réalisés sont qualifiés d’amélioration alors qu’ils ne correspondent en réalité qu’à des travaux de rénovation ou de remise à niveau liés à l’obsolescence naturelle des équipements. La notion d’amélioration mériterait ainsi d’être cantonnée aux améliorations objectives au regard du classement hôtelier ou à l’ajout effectif d’éléments nouveaux, notamment en termes de sobriété environnementale ou de digitalisation. Les difficultés pour apprécier l’incidence des travaux d’amélioration sur la valeur locative entrainent de ce fait de nombreux experts à pratiquer un abattement forfaitaire.

La pratique mériterait de s’inspirer des yield-managers, dont les données peuvent restituer l’apport d’un élément nouveau dans les prix praticables, par exemple :

  • L’installation d’une climatisation pourrait permettre une augmentation du PMC – par rapport à un échantillon de concurrents non équipés – de l’ordre de 5 à 10€ (à titre d’exemple) par chambre selon certaines périodes de l’année.

Il apparaît primordial de cultiver la culture statistique et la synthèse de l’information afin d’assurer la cohérence des méthodes développées.

 

À lire aussi :

Partie I : Le temps de la réforme pour le dispositif des articles L311-1 et suivants du Code de tourisme ?

Partie II : Quelles évolutions proposer au dispositif des articles L311-1 et suivants du Code de Tourisme ?

Université d’été de la RICS – 19 septembre 2023

Vincent SAE HENG – MRICS aura le plaisir de co-présenter avec Sylvie BERGERET de MKG Consulting et Francis MARTINON la conférence sur l’évaluation des hôtels lors des Universités d’été de l’expertise de la RICS en France.

Le Groupe Professionnel Évaluation vous propose une journée de formation sur les méthodes d’évaluation, les actualités juridiques et l’état du marché !

Le 19 septembre 2023 de 9h à 17h à la Chambre des Propriétaires du Grand Paris, 72-76 rue de Longchamp 75016

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