Acquisition de parties communes et indemnité à verser au syndicat des copropriétaires, quelles méthodes de valorisation ?

Acquisition d’une terrasse, d’une cave, d’une loge de gardien, d’un palier, de combles… un tel projet nécessite une certaine préparation ainsi que la détermination d’un prix juste et acceptable pour les autres copropriétaires avec des étapes indispensables : notification du projet au Syndic, convocation en Assemblée générale ordinaire ou extraordinaire… (entre autres).

En vue d’acquérir une partie commune, il convient d’estimer l’indemnité à verser au Syndicat des copropriétaires dans le cadre de ce projet. Il peut également s’agir d’estimer la valeur des droits à construire résiduels dans l’hypothèse d’une extension ou encore d’une surélévation.

L’estimation de la valeur vénale de portions de parties communes est souvent difficile en raison de l’absence de termes de référence intrinsèquement comparables. Une méthode empirique d’évaluation (Méthode « Benoit ») pour ces types de biens et droits immobiliers peut néanmoins être appliquée.

Cette méthode permet d’évaluer la valeur vénale des parties communes normalisées suivantes :

Le sol, les cours, les parcs et jardins, les voies d’accès ; les locaux des services communs ; les passages et corridors ; les combles aménageables.

 

Parties communes dites « normalisées » :

Certains biens et droits immobiliers identifiés comme parties communes peuvent être comparés directement avec des lots de copropriété ou des biens en pleine propriété.

Exemple : une loge de gardien désaffectée, une cave, local technique, une chambre à usage de débarras…

À ce titre, ils sont assimilables à des biens dits « normalisés » et leur valeur vénale peut faire l’objet d’une évaluation par des méthodes usuelles d’estimations immobilières.

 

Le cas particulier des parties communes « spécifiques » :

À l’inverse, certaines parties communes ne présentent pas de caractéristiques comparables avec des biens normalisés du fait de leurs caractéristiques physiques et/ou leurs situations particulières. L’intérêt que représente ces parties communes est alors très limité et généralement circonscrit à un seul et unique copropriétaire.

Il est ainsi considéré comme une partie commune spécifique : une courette accessible uniquement par un lot unique ; un droit de surélévation applicable sur des combles intégrés dans un lot privatif ; un droit à construire applicable sur une toiture d’un bâtiment commun…

 

Méthode d’évaluation des parties communes « spécifiques » ayant une valeur de convenance :

Considérant que l’acquisition de ces parties communes ne revêt d’intérêt que pour le ou les copropriétaires de certains lots situés à proximité de ceux-ci et que, pour les autres copropriétaires, l’intérêt pratiquement nul, nous nous trouvons dans un marché réduit ou captif dans lequel le nombre d’acquéreurs potentiels est très limité.

Pour déterminer la valeur de ces parties communes spécifiques il convient de déterminer dans un premier temps une valeur brute, puis une valeur nette, afin de ventiler cette valeur entre l’acquéreur potentiel des parties communes et le syndicat des copropriétaires.

Ainsi et après prise en compte du projet de l’acquéreur (incorporation à un lot existant, création d’un nouveau lot, travaux d’aménagement…) et de son incidence pour les autres copropriétaires, il convient de procéder à l’évaluation de la valeur brute générée par cette acquisition. Cette valeur brute et la méthode induite dépend du projet :

  • Dans le cas de l’incorporation à un lot existant : évaluation de la plus-value apportée par l’actif acquis.
  • Dans le cas de la création d’un nouveau lot : évaluation de la valeur vénale de ce lot.
  • Dans le cas d’un aménagement : évaluation de la plus-value apportée au lot existant par cet aménagement.

Une fois cette valeur brute déterminée il convient de déduire le coût global du projet à la charge de l’acquéreur (travaux à réaliser et frais liés aux projet).

La valeur nette est donc déterminée à partir de la valeur brute de laquelle est déduit le coût global du projet.

Enfin, et en fonction de la nature du projet et de son intérêt particulier, il convient de proposer une ventilation de répartition adaptée de la valeur nette entre le copropriétaire-acquéreur et les copropriétaires-cédants.

À titre d’exemple et dans l’hypothèse d’un projet d’extension d’un appartement les étapes sont les suivantes :

  • Estimation de la valeur vénale actuelle de l’appartement (hors projet d’extension),
  • Définition d’une valeur vénale brute à partir d’un prix métrique et d’une surface des biens sous étude comprenant l’extension,
  • Abattement pour travaux d’aménagement et frais annexes en vue d’obtenir la valeur vénale nette du bien sous étude.
  • Évaluation de la plus-value apportée par l’actif acquis,
  • Proposition d’une clé de répartition de la valeur vénale nette entre le copropriétaire cessionnaire et la copropriété cédante.

 

Quid de la valorisation des « locaux tous usages » en Ehpad

De nombreux Ehpad sont l’objet, dès l’origine, d’une mise en copropriété; les chambres constituant les lots principaux, achetés le plus souvent en tant que loueur meublé professionnel ou non professionnel dans une optique d’investissement couplé à la défiscalisation.

Deux principaux schémas sont usuellement observés

I Les chambres, qui au sens de l’administration sont encore considérées comme de l’habitation, sont les seuls lots privatifs. Les parties communes qui comprennent alors les accès mais aussi tous les locaux de services indispensables à l’exploitation d’un Ehpad (salons, restaurant, accueil, locaux de soins…) sont répartis par tantième sur l’ensemble des lots privatifs.

Dans ce cas, tant au moment des renouvellements de baux que du calcul d’une valeur vénale, l’estimation peut porter sur l’intégralité de l’immeuble (comme s’il s’agissait d’un immeuble en bloc) et en respect des méthodes usuelles d’évaluation .

Deux écueils tout de même :

Le premier est sans doute lié au risque de l’investissement puisque dans cette situation l’exploitant de l’Ehpad n’est pas impliqué dans le projet immobilier. Les renégociations de loyer peuvent être plus ardues avec un risque accru de départ de l’exploitant.

Le second concerne lui le volet fiscal. Quid du maintien du statut LMP/LMNP alors que manifestement le loyer versé aux copropriétaires comprend la mise à disposition de locaux tous usages, indispensables à l’activité. Quid éventuellement de la TVA applicable ? de nombreuses questions sont soulevées sur la toile, malheureusement sans réponse jurisprudentielle. 

II Les chambres et les locaux tous usages constituent des lots distincts. Il peut parfois subsister une quote-part des parties communes mais afférente aux seules surfaces de distribution (circulations verticales et horizontales, accès, extérieurs…)

Dans ce cas, quelle valorisation des lots retenir pour une cession ou pour un renouvellement de bail ?

Lors de la redéfinition du loyer de renouvellement, Il convient de répartir la valeur locative de l’ensemble immobilier entre les lots exploités en chambres et les lots de services. Les deux sont évidemment interdépendants. A notre connaissance, il n’y a pas d’orientation doctrinale ou jurisprudentielle. A priori, la seule solution serait celle de la clef de répartition (au prorata des surfaces, des tantièmes, d’une règle d’attribution de points ou encore la moyenne de ces différentes clefs de répartition).

Dans cette situation, c’est le plus souvent l’exploitant ou une société ad hoc qui a la propriété de ces locaux tous usages. Et en termes de valorisation, le risque de départ du locataire exploitant est moindre mais le jeu de la négociation pour les renouvellements amiables demeure avec souvent une pression à la baisse justifiée par des prises à bail historiques à des niveaux de loyer élevés, pivot du mécanisme initial de défiscalisation.

En définitive, la commercialisation initiale de ces Ehpad, avec un bonus de défiscalisation, a bien souvent dicté la rédaction du règlement de copropriété. Mais quand il s’agit d’Ehpad, nul autre choix pour l’expert immobilier que de procéder à l’estimation de l’immeuble dans son intégralité conformément aux méthodes professionnelles et d’établir ensuite une clef de répartition permettant d’appréhender la valeur locative (ou vénale) d’un lot de copropriété.

Rachat de parties communes, décryptage et principes

Vous manquez de place ? Dans un contexte de hausse des taux immobiliers, pourquoi ne pas agrandir votre logement  avant d’envisager de déménager ? En copropriété, l’une des premières options pour agrandir un appartement est d’acquérir une partie commune. Se pose alors la question de sa valorisation. 

Cette opération peut s’avérer fastidieuse tant il existe de cas de figure et tant l’absence de termes de comparaison intrinsèquement comparables complique la matière. Prenons l’exemple d’un palier, de combles ou d’un cagibi. Très souvent, au regard de leur situation, l’intérêt de ces parties communes se réduit à un unique copropriétaire ou à un nombre très restreint. De ce fait, il n’existe pas de « marché ».  

Cependant, bien qu’il n’existe aucune obligation légale à respecter en ce qui concerne le prix de rachat, il est conseillé de choisir un prix d’acquisition qui saura convaincre les copropriétaires. Afin de déterminer le prix le plus juste entre l’acheteur et le syndicat des copropriétaires, une méthode empirique d’évaluation (Méthode « Benoit ») est régulièrement utilisée. Nous la décryptons ci-après. 

Méthode applicable 

Dans un premier temps, il convient de déterminer la valeur brute de l’acquisition de la partie commune concernée. Dans le cas d’une incorporation de surface à un lot existant par exemple, la valeur brute générée par l’acquisition consistera en la plus-value apportée au lot existant. 

Dans un second temps, il convient de déterminer la valeur nette en déduisant de la valeur brute le coût des travaux d’aménagement pour rendre la surface habitable et les coûts annexes.  

In fine, une proposition de ventilation de répartition devra être proposée. La partie revenant au syndicat des copropriétaires correspondra à la valeur vénale des parties communes. La méthode « Benoit » préconise un partage de la valeur nette à part égale (50% / 50%) dans le cadre d’une incorporation à un lot existant, il s’agit toutefois d’un ratio indicatif pouvant servir de base de discussion. 

Cette répartition peut varier en fonction du degré d’intérêt et/ou du nombre de copropriétaires susceptibles d’être intéressés d’acquérir lesdites parties communes. 

En pratique : 

Rachat parties communes

Exemple d’application de la Méthode Benoît 

 

Cette démarche semble s’avérer être un bon compromis. Selon les sommes en jeu, les copropriétaires pourront décider de garder le prix de vente en réserve, ce qui viendra réduire les charges de chacun, de plus, s’en suivra nécessairement une baisse des charges d’entretien des parties communes issue de l’actualisation de la grille de répartition. 

Néanmoins, il n’est pas nécessaire d’acquérir un palier ou les combles attenants pour agrandir son propre logement. D’autre solutions comme l’obtention d’un droit de jouissance exclusive permettent à son titulaire d’être le seul à utiliser et à jouir d’une partie commune. Attention toutefois aux problèmes de valorisation à la revente. 

Lors de missions de valorisation de parties communes, l’expert se doit de veiller à ce que ses conclusions permettent de trouver un accord dans des contextes où les parties n’ont pas toujours le même intérêt. Un jeu d’équilibriste. 

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